Au fur et à mesure qu’on se rapproche de la date du 1er tour de l’élection présidentielle du 28 février, la Commission Electorale Nationale Autonome enregistre des désistements de candidat. Victor Prudent Topanou vient de jeter l’éponge.
Victor Prudent Topanou, se retire du processus électoral pour la présidentielle du 28 février prochain. Dans une lettre parvenue à notre rédaction, l’ancien Garde des Sceaux, du président Boni Yayi, candidat à l’élection présidentielle de 2011 a préféré rester prudent en jetant l’éponge. Il retire sa candidature et se désole d’un fait qui devient monnaie courante depuis l’avènement du Renouveau Démocratique de février 1990 «.. . En réalité, j’avais espéré que l’élection de 2016 serait une occasion irremplaçable d’entamer la marche nécessaire qui mène de la « démocratie d’argent » que nous construisons ensemble depuis 1990 vers « une démocratie d’idées » que j’appelle de tous mes vœux. J’étais convaincu, à tort ou à raison, mais sans doute plus à raison qu’à tort, que nous ne pouvions plus nous satisfaire, plus longtemps, d’une « démocratie d’argent » dans laquelle le pouvoir d’Etat s’achète et se vend, les leaders politiques se vendent et sont achetés à coup de centaines de millions, voire de plusieurs milliards de Fcfa mais aussi, la crédibilité d’une candidature est directement proportionnelle à la fortune supposée ou réelle des candidats, les idées n’ont aucune importance ni aucune pertinence ». Pour l’ancien Ministre de la Justice de Boni Yayi, ce système mis en place depuis 1990, et qui consiste à n’acheter la démocratie qu’avec l’argent, fait l’apologie des médiocres au détriment des meilleurs et des compétents.
Victor Topanou, se retire donc de processus en restant fidèle à sa conviction et en critiquant ouvertement le système mis en place par son ancien patron, Boni Yayi. Il se demande si en 2016, faut-il opter pour une alternance sans alternative ou une alternance avec une vraie alternative ? Tout en dénonçant la présence permanente de Boni Yayi qui tente d’imposer un successeur, Lionel Zinsou, il accuse ce dernier qui assume le passif du pouvoir de Boni Yayi en se taisant sur les nombreux scandales : ‘’Laisser Lionel Zinsou gagner cette élection, c’est admettre la pérennisation durant les vingt-cinq prochaines années du système Yayi auquel il ne pourra apporter la moindre inflexion, lui qui d’ailleurs revendique, sans aucun droit d’inventaire, tout le bilan du système Yayi de ce second mandat en restant désespérément muet face aux multiples scandales liés, d’une part, à l’organisation des concours frauduleux et, d’autre part, au PPEA II’’.
Il est donc clair, qu’avec ce désistement, Victor Topanou ne va pas rallier la coalition PRD-RB-FCBE, lui qui a été aperçu avec l’autre coalition autour de Patrice Talon et Sébastien Ajavon. Il devrait dans les prochains jours se prononcer sur qui il porterait son choix, amis avant il pose ses conditions : ‘’… D’abord, avoir un vrai projet politique en cas de victoire mais aussi et surtout en cas de défaite.- Ensuite, avoir l’envie mais aussi les ressources humaines et morales, matérielles, financières et logistiques d’empêcher la pérennisation du système YAYI.- Enfin, accepter d’intégrer dans son projet, les trois points essentiels que j’appelle les trois préalables en vue d’un décollage économique de notre pays à savoir (i) les Etats généraux de l’Etat en vue de modifier substantiellement la conception que nous en avons, (ii) la mise en place du financement public de notre vie politique et la lutte sans merci contre la fraude électorale afin de modifier structurellement notre culture démocratique et enfin (iii) la lutte contre la méfiance interpersonnelle dans notre société.’’ Victor Topanou jette donc l’éponge et appelle l’ensemble de la classe politique à un réarmement politique pour sauver les acquis de la Conférence Nationale de février 1990. Par la même occasion, il estime que faire le choix de Lionel Zinsou, c’est tuer dans l’œuf, toute velléité d’alternance porteuse d’alternative au sommet de l’Etat.
Ghyslain-Euloge NANGA



