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Politique

L’argent, la conscience et le vote

Le processus démocratique au Bénin se poursuit normalement avec ses aléas. Cette année, avec l’organisation de l’élection présidentielle, un facteur déjà décrié se fait plus présent : la présence de l’argent. L'argent circule dans tous les sens pour assurer les dépenses inhérentes à la campagne mais aussi en direction des électeurs.

A quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle, l’argent, nerf de la guerre, vient jouer un rôle prépondérant dans le processus et dans la société. Pour ceux qui désirent briguer la magistrature suprême, ils se livrent carrément à l’achat du vote des électeurs. Ces derniers, trouvent l’occasion de se faire un peu de moyens de subsistance parce qu’il faudra attendre encore 5 ans pour cette aubaine.

Depuis le début du processus, on a noté des alliances inattendues et inopportunes entre les formations politiques, des ralliements d’hommes politiques auparavant opposés autour des candidats, tout ceci sur la base de négociations pécuniaires. Vu la particularité de cette élection présidentielle, avec l’entrée sur scène des acteurs de l’ombre que sont les hommes d’affaires, les électeurs n’entendent rater cette opportunité. Les populations s’organisent pour prendre leur part. Elles sont prêtes pour remplir les lieux de meeting, se mobiliser pour les manifestations de soutien aux candidats. Il ne s’agit pas de rassemblement sur la base de conviction politique mais juste pour des intérêts financiers. On ne se préoccupe pas du projet de société des candidats mais de combien on pourrait gagner chez lui en attendant d’autres qui passeront. Cette prépondérance du rôle de l’argent influence sur la sincérité du vote et conduira à l’instauration de la démocratie de l’argent comme l’a signifié le candidat Victor Topanou, qui a d’ailleurs jetés l’éponge, et non celle des idées.

L’achat de conscience semble être la chose la mieux partagée en période électorale. Tout le monde veut avoir de l’argent avant de voter ou de donner des consignes de vote. Le choix du candidat est subordonné à comment il a mis la main à la poche. Les électeurs veulent de l’argent avant d’accomplir leur devoir citoyen et les hommes politiques font aussi le jeu. Ces derniers, une fois au pouvoir vont récupérer ce qu’ils ont dépense et ce sont les populations qui en souffrent. Les électeurs doivent s’imprégner du contenu des candidats en vue de faire un choix objectif. Les projets de société doivent être aussi rédigés en langues nationales pour faciliter la compréhension. Ainsi, les électeurs, à majorité analphabète, comprendront mieux la vision de ceux qui aspirent les diriger. L’argent a fini par régir notre démocratie et notre conscience.

René DATON