A l’approche du scrutin présidentiel, le chef de l’Etat, le Docteur Boni Yayi se sent de plus en plus seul dans sa volonté d’imposer Lionel Zinsou par vents et marrées. L’un de ses collaborateurs les plus proches vient de le quitter. Et la barque pourrait se vider avant le premier tour.
Que reste-t-il encore du système Boni Yayi ? A part ses injures à l’impersonnel envers les concurrents de son candidat, il ne se rend pas encore compte que le pouvoir l’a complètement quitté. Et que son leadership tant prôné devient une serpillère où tous ceux qui l’ont entouré s’essuient les pieds. Depuis la nomination par césarienne de Lionel Zinsou comme Premier Ministre, les remous et ronchonnements n’ont pas cessé dans sa propre famille politique pour ne pas dire dans son clan. Tous ceux à qui Boni Yayi a fait miroiter le chemin du dauphinat ont été désabusés pour ne pas dire blessé dans leur orgueil. Faut-il rappeler, les épisodes Komi Koutché ? Le coup de grâce porté à sa propre famille politique est effectivement l’adoubement de Lionel Zinsou comme candidat unique après un faux-semblant de primaire organisé au sein des Forces Cauris pour un Bénin Emergent. Aujourd’hui, cette famille politique a montré des signes évidents de fissures pour ne pas dire cassure. Pour cette présidentielle, comme pour colmater les fuites, la Renaissance du Bénin et le Parti du Renouveau Démocratique sont arrivés, croyant arrêter la saignée. Les caciques du pouvoir – pour reprendre les propos du beau-frère présidentiel Marcel de Souza – ont bon gré mal gré avalé la pillule, mais se sont quand même décidés à aller au charbon. La cacophonie s’est installée définitivement trouvant un Boni Yayi de plus en plus seul.
La dernière vague
Mariam Aladji Boni Diallo, ancienne ministre des Affaires étrangères, Conseillère diplomatique du chef de l’Etat, celle qui était presque l’éminence grise, avec sa coupe de cheveu très remarquable vient de claquer officiellement la porte. Depuis des lustres, elle n’a jamais caché son penchant peut-être idyllique à son ancien collègue ministre de l’Economie et des Finances, Pascal Irenée Koupaki. Mariam Aladji Boni en choisissant diplomatiquement ses mots a montré sa voie : « Nous avons tous nos opinions, nous avons tous nos croyances profondes et quand on traverse une période cruciale, comme celle de l’élection présidentielle quand on doit prendre de grandes décisions en tant que nation, ça réveille des passions, ça remue des polémiques. Pourtant, malgré toutes nos différences, nous partageons tous le même espoir: celui de faire de notre Nation « un pays uni et de paix, prospère, à économie compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». En clair, l’ancienne conseillère diplomatique pense que la fonction présidentielle, bien que politique donc déchaînant passion et polémique, est une fonction hautement prisée pour qu’un quidam soit plébiscité. Sans faire allusion à Lionel Zinsou, elle lui indique clairement que la succession de Boni Yayi devrait venir de l’intérieur. Et elle poursuit : Aussi, voudrais-je nous appeler à voter chacun selon sa conscience. Pour ma part, j’ai été convaincue du projet de société de La Nouvelle Conscience. A mon humble avis, le candidat de la Nouvelle Conscience a la compétence et l’expérience, qu’il faut, valeurs auxquelles s’ajoute sa crainte de Dieu. Elle préfère Pascal Irenée Koupaki au candidat désigné par son chef. Loin d’être un camouflet, c’est une démarche responsable et très polie de signifier à son chef que son choix n’est pas le sien. Si les caciques du régime à l’image de Marcel de Souza, Alexandre Hountondji, Chabi Sika Karimou et autres Nassirou Arifari Bako l’ont fait, c’est maintenant au tour des fidèles, comme Mariam Aladji Boni Diallo de quitter le navire. Connaissant la proximité qu’elle a développée avec son actuel ancien patron, on ne risque pas d’affirmer que les autres fidèles qui s’accrochent pourront aussi prendre la tangente dans les prochains jours.
L’épisode Sabaï Katé
A défaut de parlementer Boni Yayi, préfère utiliser la force. Avec le recul, on peut comprendre toute la pression qu’a subie l’ancien maire de Parakou, Rachidi Gbadamassi après son ralliement à Sébastien Ajavon. Toutes les intimidations qui ont été dénoncées par le député de la 8ème circonscription ont fini par trouvées leur fondement avec le dernier épisode en date, celui de Sabaï Katé. Pour rappel, l’honorable Rachidi Gbadamassi dans un point de presse à alerter l’opinion nationale et internationale sur la subite disparition du député de la deuxième circonscription électorale. Selon les déclarations de Rachidi Gbadamassi, Sabaï Katé aurait eu un entretien téléphonique avec le chef de l’Etat, un entretien obtenu avec insistance par le commissaire de police de Dassa, et Boni Yayi lui aurait demandé de ne pas abandonner le navire Forces Cauris pour un Bénin Emergent surtout qu’il aurait besoin de son leadership actuellement pour porter le candidat Lionel Zinsou à la Marina. Une négociation qui ne serait pas du goût de l’ancien maire de Banikoara qui avait déjà pris faits et causes pour le candidat Sébastien Ajavon. La suite, c’est un Sabaï Katé tout amoché qui dans une vidéo, déclare ne pas se reconnaître dans les déclarations de Rachidi Gbadamassi. Le lendemain, c’est encore lui, en compagnie de Rachidi Gbadamassi cette fois-ci à Banikoara qui a relaté ce qu’il s’est réellement passé et ce que Boni Yayi lui aurait demandé. A moins de 40 jours de gouvernance à la tête du pays Boni Yayi devient de plus en plus seul et se retrouve face à son destin.
Ghyslain –Euloge NANGA



