Accueil » A la nigérienne
Filigrane

A la nigérienne

L’Afrique berceau de l’humanité. L’Afrique, continent le plus convoité depuis le début de ce millénaire pour ses richesses, ses contradictions et ses réalités. L’Afrique, confrontée à s’exercer et à se façonner dans le moule de la démocratie depuis le fameux discours de la Baule. Aujourd’hui, sur la planète, quand on compte les pays qui réussissent très bien leur manière de pratiquer les notions et règles élémentaires de respect des libertés démocratiques, à part les vieilles démocraties occidentales, les pays africains sont également cités comme exemple. Le Bénin en premier compte tenu de son rôle prépondérant joué il y a 26 ans avec la célèbre Conférence des forces vives de la Nations. Après le Bénin, le Botswana, le Mali et bien d’autres sont cités.

A côté de chez nous, le Niger. Un pays qui, dès l’avènement des conférences nationales en 1991, a fait un semblant de se mettre sur la voie démocratique. Le virus des coups d’Etat l’a rattrapé une fois encore pour le conduire jusqu’en 2010 et pour retrouver un président issu d’élections libres et transparentes et de porter à la magistrature suprême, Mahamadou Issoufou. Bon an mal an, ce pays secoué par les menaces et attentas djihadistes, vit sa 3ème République avec des institutions qui fonctionnent aussi normalement même si en Afrique la séparation des différentes institutions de la République laisse quand même à désirer.  Et bien les nigériens se sont rendus aux urnes la semaine dernière soit pour confier la destinée du pays toujours à Mahamadou Issoufou ou confier le pays à quelqu’un d’autre. Parmi les prétendants, Hama Amadou, ancien président de l’Assemblée Nationale, ancien Premier Ministre. Depuis sa cellule, il a réussi à décrocher le ticket du second tour et pourrait créer la surprise.

Hama Amadou, cadre de l’administration nigérienne, ayant traîné sa bosse un peu partout et surnommé le Sphinx, parce qu’il renaît à chaque fois des  situations politiques de son pays, est incarcéré dans le cadre d’une affaire controversée de trafic d’enfants. Après s’être exilé en France, il revient au pays où il est arrêté et jeté en prison. Il serait mêlé avec son épouse à un trafic d’enfants vers le Bénin et le Nigeria. Pour le premier tour il a obtenu 17, 7% des suffrages, barrant la route à son rival qu’il a pourtant aidé il y a 5 ans, de réaliser un KO. Le voilà au second de la présidentielle. Il doit battre campagne tout en restant en prison. Il doit défendre son projet de société tout en restant dans sa cellule. Peut-être qu’il sera élu Président de la République depuis sa cellule. Et c’est cela aussi la démocratie…à la nigérienne.