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Société

La forêt sacrée de Kilir va disparaître…

La forêt sacrée de Kilir dans la commune de Djougou est menacée de disparition sous l’effet de la pression des populations riveraines qui grignotent l’espace forestier pour s’installer et y jeter des ordures sans que les responsables du cantonnement forestier et les autorités locales ne prennent des mesures urgentes pour pallier la destruction dudit espace. 

 

Autrefois digne d’une forêt réputée protectrice du royaume de Djougou, le lieu sacré d’attribution et de transmission de pouvoir traditionnel et surnaturel aux nouveaux monarques et de protection de l’environnement qu’est la forêt sacrée de Kilir, est aujourd’hui en proie à une dégradation du fait de l’érection sur le site, de dépotoirs sauvages d’ordures ménagères et de concessions ou même d’entreprises commerciales. 

Ce site qui s’étendait sur des kilomètres et classé par le colonisateur sous la protection des services des eaux et forêts, subi  les âffres de l’urbanisation sauvage. Les populations environnantes détruisent les arbres qui s’y trouvent pour des besoins divers. La situation devient de plus en plus préoccupante et prend chaque jour de l’ampleur. 

Pour le chef du cantonnement forestier de Djougou, le capitaine Athanase Kintonou, la responsabilité incombe aux autorités locales, qui à l’en croire, ont loti une partie de cette forêt et laissent les populations jeter les ordures aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de la forêt. 

Au lieu de protéger ce poumon vert, a indiqué le chef cantonnement, l’association des princes et princesses de la commune de Djougou est devenue une menace pour cette forêt classée. «Des portions de terres sont pour la plupart grignotées par ces princes et princesses ou avec leur complicité», a-t-il soutenu. Lorsqu’il s’agit de prendre des mesures répressives, a déploré le capitaine Kintonou, les interventions et les pressions des autorités traditionnelles et religieuses fusent de partout. «La forêt de Soubroukou est en train de subir le même sort», a conclu le capitaine Athanase Kintonou. 

Du côté de la mairie, l’on décline toutes responsabilités mais, l’on accuse une fois encore les autorités traditionnelles et religieuses qui, à travers leurs nombreuses interférences, font entrave à la mise en œuvre des mesures dissuasives et coercitives. «La mairie ne peut donc rien faire», a laissé entendre le directeur de la planification du développement et de la prospective de la mairie de Djougou, Boukari Slbawézé, rassurant néanmoins que des actions sont prévues dans le plan de développement communal pour garantir la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine végétal. 

Aux dires du conseiller du Roi Kpétoni Koda 6, M. Karim Boukari Ténakah, l’actuel locataire du palais royal de Djougou a pris le problème à bras le corps. Car, indique-t-il, avant même de devenir roi, il avait lutté pour que la forêt soit délimitée et qu’on arrête les constructions à ses alentours.

«Certaines portions de terre loties et vendues avaient même été retirées aux acquéreurs afin de restaurer l’intégrité de cet espace forestier», a confié le Conseiller du Roi Kpétoni Koda 6. A l’en croire, le monarque lutte actuellement contre la forte pression démographique sur la forêt. Il encourage le reboisement pour conserver certaines espèces rares qui s’y trouvent et n’a nullement envie d’abdiquer malgré l’inexistence des moyens humains et financiers ainsi que l’indifférence du service des eaux et forêts, rassure-t-il en dépit de la non-visibilité desdites actions sur le terrain. 

Pire, les occupants de ces nouveaux quartiers ignorent les impacts directs de leur acte sur la survie de la forêt classée de Kilir et soutiennent avoir acquis leur titre de propriété en bonne due forme. Mais en attendant que les différentes autorités impliquées dans la sauvegarde de ce patrimoine passent à l’action pour sauver le reste de ce patrimoine végétal, la forêt sacrée de Kilir disparaît jour après jour, sous la pression impitoyable de l’homme.