Candide Azanaï, désormais ex ministre délégué à la Défense du premier gouvernement de Patrice Talon, passe ses premières heures de liberté et en même temps d’un mutisme pour ne pas clacher davantage un gouvernement qui finalement se montre fragile et vacillant.
Les raisons de la démission de Candide Azanaï du gouvernement de Patrice Talon, deviennent évidentes. Lui, homme de réseaux, parlementaire rompu, renard de la politique sans l’être vraiment. Lui qui a pris tous les risques possibles contre Boni Yayi et a pris faits et causes pour Patrice Talon, a vu ses désirs et ses ambitions se raffermir de jour en jour pour une portion congrue. On sait désormais que dans le duel Azanaï – Djogbénou, Candide Azanaï n’a pas eu le soutien qu’il espérait de la part de Patrice Talon et il s’en est allé. Tellement il ruminait son aigreur.
Azanaï le perdant ?
A la formation du gouvernement, tous les pronostics faisaient de Candide Azanaï, le patron des flics, c’est-à-dire, ministre de l’Intérieur. Ce poste, il l’a tellement désiré. Déjà sous Boni Yayi, il avait voulu se faire nommer ministre de l’Intérieur pour bien ajuster ses lunettes noires pour la revue des troupes…hélas, Boni Yayi a fourgué un certain Martial Souton, ministre de l’Intérieur et faisant de Candide Azanaï, ministre de l’Industrie Porte-Parole du gouvernement. Azanaï n’étant pas trop candide dans la docilité, ne supportait pas cette forme de Porte-Parole qui ne lit que les communiqués du gouvernement à l’issue des Conseils des Ministres. Quand il a voulu avoir des fonds pour mettre en branle toute sa stratégie de communication, il s’est mélangé les pinceaux et Boni Yayi, lui retira ce pan de sa fonction ministérielle. La suite, il est tombé en disgrâce et finalement viré du gouvernement.
Nul n’ignore que Candide Azanaï voulait prendre sa revanche. Que Nenni ! Patrice Talon l’a certes fait ministre, mais il sera délégué. C’était déjà insupportable pour lui. Adieu la main mise sur les ghettos, Adieu, la parade de revue des troupes, Adieu les fonds suspects de renseignements de la Police qui avaient été pomme de discorde, Adieu le rêve tant câliné de faire un pied-de-nez à Léhady Soglo, depuis son départ de la Renaissance du Bénin, Adieu et Adieu….C’en était déjà trop pour le tonitruant Azanaï, pour supporter encore les caprices des néo politiciens qui sont dans les bonnes grâces de Patrice Talon, il fallait partir…Il perd certes les avantages liés à la fonction ministérielle, mais garde, sinon fait augmenter le baromètre de sa cote de popularité et laisse croire qu’il est l’homme qui ne mâche pas ses mots ou celui qui cherche sa liberté quelques que soient les compromis.
Côté officiel…
Dans son message laconique, certes bref, concis et précis, publié sur son compte facebook, l’ancien ministre délégué à la Défense Candide Azanaï a évoqué : « …les derniers développements de l’actualité politique dans notre pays… ». Cette portion de phrase fait allusion sans doute au projet de loi envoyé à l’Assemblée Nationale, portant Révision de la Constitution. Pour avoir été parlementaire et assumant au moins 3 mandats et totalisant 12 ans de présence dans l’hémicycle, Candide Azanaï pourrait se réclamer rompu dans la connaissance du Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale et jouant des couloirs de négociations et éviter un premier revers s’agissant de l’irrecevabilité de la procédure d’urgence au gouvernement. Et pour cela, il peut bien le dire. Les dernières déclarations de son suppléant, en l’occurrence le député Guy Mitokpè, toujours au sujet de la demande d’étude en procédure d’urgence de la loi portant Révision de la Constitution. Il disait que le Chef de l’Etat [Patrice Talon] a été trompé…Une phrase qui pointait déjà le doigt sur le constitutionnaliste, Garde des Sceaux Joseph Djogbénou.
Cette prise de position ouverte de Candide Azanaï, traduit-elle que dans l’actuel gouvernement certains ministres seraient-ils contre la procédure de Révision de la Constitution ?
En claquant la porte au nez et à la barbe de Patrice Talon, c’est le signe d’un malaise profond que couve le gouvernement depuis l’affaire dite de ‘’Cocaïne’’, qui n’aurait pas été du goût de l’ancien ministre délégué à la Défense qui n’aurait pas été informé donc ne sachant pas quoi répondre quand il avait été interpellé par les présumés coupables.
Avec ce départ, la coalition Rupture s’est davantage effritée. Elle ne compte que sur Pascal Irenée Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané pour exister parce que les ministres envoyés par Sébastien Ajavon, volent déjà de leurs propres ailes. Après Sébastien Ajavon qui a rompu les amarres sans le signifier, Candide Azanaï vient de quitter le navire. Ça devient inquiétant pour le reste du mandat.
Ghyslain-Euloge NANGA


