Le Président de la République, Patrice Talon, a présenté pour la première fois et pour le compte de son mandat présidentiel, le discours sur l’Etat de la Nation à l’hémicycle. Un discours qui présente l’état de la Nation béninoise, les diagnostics qui ont été faits depuis son accession à la magistrature suprême, sans oublier les perspectives pour l’année suivante. Il n’a pas dans cet exercice omis de présenter les réformes qui seront appliquées pour faire décoller le Bénin.
Accueilli à l’entrée de l’Assemblée Nationale par Me Adrien Houngbédji après les honneurs militaires, le Président de la République Patrice Talon, s’est prêté à l’exercice constitutionnel, celui de présenter chaque année devant la représentation nationale, l’état de la Nation. Un discours qui généralement fait le bilan des actions entamées dans le bien des béninoises et béninois et qui sert aussi de tribune aux ambitions et autres perspectives du régime pour toujours répondre aux aspirations des citoyens. Cet exercice, Patrice Talon, l’a fait dans un hémicycle tout ouï.
Abordant l’Unité nationale qui devrait être le ciment de la Nation, Patrice Talon s’est allé à un questionnement : « … La République n’est-elle pas toujours forte quand elle finit par réunir tous ses enfants au-delà de toutes les contradictions inhérentes à l’animation de la vie politique pour faire converger leurs forces vers les mêmes objectifs d’unité nationale et de développement économique et social ? N’est-ce pas Honorables Députés, le rappel à ce devoir que nous renvoie notre célèbre symbole de la jarre trouée figurant sur l’une des façades intérieures de ce palais des gouverneurs qui nous accueille ?… » Pour lui, c’est cette image que chacun devra garder à l’esprit afin de parvenir à la construction dans notre pays d’une Nation solidaire et prospère.
Faisant le diagnostic des 8 mois passés à la tête du pays, Patrice Talon, n’a pas manqué de relever certains importants qui n’ont pas rendu un grand service à notre pays. Entre autres, il s’agit de la suprématie écrasante du pouvoir exécutif et le clientélisme érigé en mode de gouvernance, l’indice de développement humain qui n’était plus favorable pour laisser envisager une continuité à l’issue heureuse, l’administration publique quasi léthargique, politisée à outrance, rongée de l’intérieur par toutes sortes de trafics et de pratiques malsaines et aussi, l’absence d’une politique énergétique cohérente et durable impactait drastiquement la vie sociale et compromettait fâcheusement la dynamique de l’activité économique dans notre pays à cause des coupures intempestives d’électricité. Pour ces dysfonctionnements, Patrice Talon avait suggéré que … l’urgence était aux réformes politiques et administratives, à la restructuration de l’économie nationale, à la reconstitution du tissu social ainsi qu’à la restauration de la crédibilité de notre pays.
Talon, le charmeur
« Aujourd’hui encore notre pays va mal, je le concède volontiers et les défis pour le relever
apparaissent immenses au regard du chemin qui reste à parcourir ainsi que des efforts et des sacrifices qui seront nécessaires pour satisfaire les légitimes attentes de nos populations toujours exposées à la précarité et à la misère ». En procédant ainsi, c’est-à-dire, en se mettant dans la foule pour reconnaître que le pays va mal, Patrice Talon, se confond aussi à la masse pour dire ce que tout le monde sait déjà et ce pourquoi le peuple l’a mis à la tête du pays. Il ne se dédouane pas, mais joue son charme pour expliquer qu’il a à cœur, les nombreux problèmes des béninois. En le concédant, Patrice Talon, est-il en train de nous dire qu’il n’aura pas les armes nécessaires pour venir à bout des maux dont lui-même a pris connaissance lors de sa prise en main des affaires du pays ? Dans le même temps, il rassure : «… je voudrais redire en cette occasion solennelle que mon mandat ne sera pas celui des fausses promesses mais plutôt celui de la responsabilité. ». La responsabilité dans les actes, la responsabilité dans les faits. Le Chef de l’Etat Patrice Talon, sait bien que les béninois ne lui feront pas de cadeaux. Il sait aussi qu’après les élections présidentielles, comment le pays a été divisé et crispé compte tenu de son passé d’homme d’affaires proche des arcanes politiques, celui-là même qui a participé à l’accession de Boni Yayi. Eu égard à ces différents facteurs, Patrice Talon devra montrer autre chose que les béninois attendent. Les questions préjudicielles à la survie des citoyens béninois sont énormes et Patrice Talon compte à travers son Programme d’Actions du Gouvernement qui a été lancé récemment doit apporter des solutions.
Réformes dans tout
Le peuple est impatient et les domaines dans lesquels les réformes sont attendues embrassent tous les domaines. La conjoncture que vit actuellement le voisin de l’Est, en l’occurrence le Nigéria, n’est pas à renflouer les maigres recettes de l’Etat essentiellement basées sur les taxes et autres redevances. La filière des véhicules d’occasion qui a été deux décennies durant la vache à lait de l’Etat est dans une spirale de disparition. Patrice Talon et son gouvernement annonce au peuple qu’il devra se retrousser davantage les manches pour aborder les prochains mois les plus cruciaux :
« Ainsi, de la même façon que le peuple attend, je suis tout aussi impatient de réformer, de reconstruire sachant que les réformes ne seront pas achevées en une année et qu’il n’y aura pas non plus le plein emploi au bout d’une année seulement. Je voudrais d’ores et déjà faire appel au bon sens et au patriotisme de tout un chacun afin d’éloigner de nous, l’esprit mesquin et immature de la diabolisation qui tronque dangereusement la réalité, pervertit les objectifs et compromet inutilement l’unité nationale. »
Le premier passage du Chef de l’Etat à l’hémicycle n’a laissé aucun député indifférent. Son grand oral intervient à moins de 7 jours du lancement du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), qui résume les ambitions de l’administration Talon, les différents points sous lesquels seront axés les projets qui seront financés par les Partenaires Techniques et Financiers ou sur le Budget National. Autre paramètre sur lequel compte énormément le Chef de l’Etat, la loi sur le Partenariat Public-Privé. Un gouvernail qui renforce le développement à travers la participation du secteur privé.
L’année 2017 sera donc faite de réformes et des chantiers seront ouverts pour donner un autre visage au Bénin. C’est en fait le vœu de patrice Talon.
Régis de Souza
