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Économie

Bénin – Niger : Tensions économiques, conséquences politiques

Le Général Tiani

Les nouvelles entre Niamey et Cotonou, ne semblent toujours pas être au beau fixe. Depuis le coup d’Etat intervenu au Niger, les relations entre les deux pays se sont dégradées. Une nouvelle couche vient de se greffer, le gouvernement béninois a décidé de bloquer l’embarquement du pétrole nigérien.

L’embarquement du pétrole nigérien depuis Sèmè Kpodji est bloqué. Le gouvernement béninois par cet acte place le Niger dans une situation très inconfortable, pour l’obliger à ouvrir ses frontières. Cotonou force la main à Niamey à réagir de manière stratégique pour sauvegarder ses intérêts économiques.

Entre les deux pays, un pipeline de près de 2000 km devrait transporter le pétrole nigérien depuis Agadem dans le sud du Niger, vers la plate-forme de Sèmè Kpodji pour être embarqué. Mais le Bénin, en notifiant à la China National Oil et la représentation du  Niger au Bénin de ne pas donner accès aux navires dans ses eaux, complique certainement une relation qui était déjà raide. Cet acte, pris par l’administration Talon dans un climat de tensions diplomatiques avec le Niger depuis le coup d’état d’Abdourahamane Tiani, vise nettement à forcer ce dernier à renouer les liens diplomatiques avec le Bénin, en particulier en rouvrant ses frontières. Le Bénin, avait fermé ses frontières à cause des sanctions immédiates prises par la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest, puis après un assouplissement des sanctions, a ouvert ses frontières. Ce qui n’a jamais été le cas côté nigérien.

Cette pression est d’autant plus forte pour le Niger en raison de l’avance de 400 millions de dollars accordée par la Chine, remboursable en 12 mois grâce aux recettes de vente du brut (90.000 barils par jour), dont la commercialisation passant par le Bénin doit débuter ce mois de mai. Le pétrole du Niger représente aussi une ressource vitale pour le Bénin à travers le projet de pipeline, qui devrait rapporter chaque année près de 25 millions d’euros.

Face à ce dilemme, le Niger pourrait bien céder aux exigences du Bénin en rouvrant ses frontières, offrant ainsi une solution immédiate à la crise.

L’autre solution qui pourrait s’offrir aussi au Niger serait d’explorer d’autres voies d’exportation pour contourner le blocage. Non seulement, cette solution va retarder l’exportation du pétrole nigérien mais s’avèrerait onéreuse.

La Chine partenaire stratégique du Bénin comme du Niger, pourrait entamer une solution diplomatique dans un court terme et ramener les deux pays à la table de négociations. Dans cette situation complexe, les autorités nigériennes doivent faire preuve de prudence et de réflexion, en tenant compte à la fois des impératifs diplomatiques et économiques, afin de protéger les intérêts nationaux.

Régis de SOUZA

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